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Si ses lumières pénètrent en tous lieux, il pourra paraître ignorant  (7).

Il produit les êtres  (8) et les nourrit.

Il les produit et ne les regarde pas comme sa propriété.

Il leur fait du bien et ne compte pas  (9) sur eux.

Il règne sur eux  (10) et ne les traite pas en maître  (11).

C’est ce qu’on appelle posséder une vertu profonde.


NOTES.


(1) Ce passage a beaucoup embarrassé les commentateurs de Lao-tseu. La plupart remplacent le mot ing (vulgo camp) par le mot hoen (Basile, 12750), « âme spirituelle, » qu’ils placent avant tsaï . Sou-tseu-yeou : Le naturel du saint homme est calme et reposé, la partie spirituelle de son être est invariablement fixée, elle n’est point entraînée ni pervertie par les objets matériels. Quoiqu’elle ait pris le principe animal pour sa demeure (un autre auteur dit : pour sa coquille, c’est-à-dire son enveloppe), cependant le principe animal, l’âme animale, lui obéit dans tout ce qu’elle veut faire. Alors on peut dire que le principe spirituel transporte le principe animal (c’est-à-dire le mène, lui commande). Les hommes de la multitude soumettent leur nature aux objets extérieurs, leur esprit se trouble, et alors l’âme spirituelle obéit à l’âme animale. Lao-tseu apprend aux hommes à conserver leur esprit, à conserver l’âme sensitive, à faire en sorte que ces deux principes ne se séparent pas. E rend tsaï par « recevoir » (fol. 13 r°), et les mots ing-pe 營魄 par « âme intelligente » (fol. 13 v°, l. 7) ; ce qui permettrait de traduire « (l’homme) a reçu une âme intelligente. » Le même interprète ajoute, pour expliquer les cinq mots suivants : « S’il emploie sa volonté sans la partager (entre les choses du monde), son esprit se conservera constamment. » Plus bas, fol. 15 v°, l. 3, il revient au sens plus généralement reçu et conseille