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qui prend sa source dans les notes que M. Klaproth a jointes à l’édition du Fo-koue-ki, et qui se trouve reproduite en vingt endroits d’un savant mémoire[1] de M. W. H. Sykes, inséré dans le Journal de la Société asiatique de Londres (t. XII, p. 248-486).

L’expression Tao-jin (bouddhiste) est souvent citée par Fa-hien, et elle a été plusieurs fois traduite par Tao-sse[2], ou sectateur du Tao, définition qui a fait tirer à Klaproth les conséquences les plus erronées. « Il est très-remarquable, dit ce savant[3], que Fa-hien parle si souvent, dans sa relation, des Tao-sse, qui, de son temps, existaient non-seulement dans l’Asie centrale, mais aussi dans l’Inde. Il paraît donc que la doctrine de cette secte philosophique était déjà très-répandue dans les contrées situées à l’ouest et au sud-ouest de la Chine. Nous avons déjà vu le Tao-sse Aï[4] arriver à Kapila à la naissance de Shâkya-mouni, et tirer son horoscope. »

Dans le Fo-koue-ki, Fa-hien lui-même, qu’on ne saurait confondre avec un Tao-sse, est désigné par la qualification de Tao-jin 道人[5]. Or, il résulte évidemment de la définition et des faits historiques rapportés plus haut, que dans les passages dont parle M. Klaproth, les Tao-jin 道人 du Fo-koue-ki n’étaient autres que des bouddhistes.

Il n’est pas sans intérêt, pour le philologue, de rechercher comment M. Klaproth a été conduit à rendre l’expression Tao-jin (l’homme de l’intelligence, le bouddhiste) par Tao-sse, ou sectateur de Lao-tseu. Il possédait un dictionnaire tonique intitulé Oa-tche-yun-soui[6], où l’on définit l’expression Tao-jin 道人

  1. Notes on the religious, moral and political state of India, etc. by lieut. colon. W. H. Sykes.
  2. Fo-koue-ki, p. 22, 227, 230. Voy. aussi p. 208, note 7. Cf. ibid. p. 98, not. 2.
  3. Ibid. pag. 230, not. 6.
  4. Ibid. pag. 208, not. 7.
  5. Ibid. pag. 367, not. 16.
  6. Ce dictionnaire se trouve à la Bibliothèque royale. (Cf. Peï-wen-yan-fou, liv. XI,