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NOTES.


(1) C est-à-dire, sans interrogation : « Notre personne nous touche de plus près que notre gloire (H), notre personne nous est plus précieuse que les richesses ; c’est un plus grand malheur d’acquérir la gloire et les richesses que de les perdre. » B : La gloire et les richesses sont des choses extérieures. Méritent-elles que nous nous réjouissions après les avoir acquises, que nous nous affligions après les avoir perdues ?

Liu-kie-fou : Ce que les guerriers recherchent avec ardeur, c’est la gloire ; et, pour l’obtenir, ils vont jusqu’à faire le sacrifice de leur vie. Ainsi ils ignorent que leur personne les touche de plus près que la gloire.

Ce que les hommes cupides recherchent avec ardeur, ce sont les richesses ; et, pour les acquérir, ils vont jusqu’à exposer leur vie ; ils ignorent que leur personne est plus précieuse que les richesses. Ils acquièrent les richesses, et ils perdent leur noblesse intérieure et leur richesse innée (leur vertu) !

Celui qui possède la vertu sait que la plus belle noblesse réside en lui-même, et il n’attend rien de la gloire ; c’est pourquoi il sait se suffire et ne connaît point le déshonneur. Il sait que la richesse la plus précieuse réside en lui-même, et il n’attend rien des biens que procure l’opulence. C’est pourquoi il sait s’arrêter et ne périclite pas. N’étant exposé ni au déshonneur, ni au danger, il peut subsister longtemps.

Yen-kiun-ping : La gloire est le plus grand artisan des malheurs et des désordres ; pour l’obtenir, l’homme s’aliène le ciel et la terre, et court à sa perte. Les richesses l’enflent d’orgueil ; pour les obtenir, il accable le peuple de fatigues, il appauvrit le royaume, il trouble ses esprits, il expose son cœur à une foule de désirs, il se met en révolte contre le Tao, il se livre au vol et au brigandage ; l’univers le déteste, le monde lui déclare la guerre ; c’est souvent un malheur de les acquérir (la gloire et les richesses), un bonheur