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noblesse et de leur élévation, et cessaient d’être les modèles (du monde), ils seraient renversés (4).

C’est pourquoi les nobles regardent la roture comme leur origine (5) ; les hommes élevés regardent la bassesse de la condition comme leur premier fondement.

De là vient que les princes et les rois s’appellent eux-mêmes orphelins, hommes de peu de mérite, hommes dénués de vertu.

Ne montrent-ils pas par là qu’ils regardent la roture comme leur véritable origine ? Et ils ont raison !

Cest pourquoi (6), si vous décomposez un char, vous n’avez plus de char (7).

(Le sage) ne veut pas être estimé comme le jade, ni méprisé comme la pierre.


NOTES.


(1) Sou-tseu-yeou : L’Unité, c’est le Tao. C’est du Tao que tous les êtres ont obtenu ce qui constitue leur nature. Les hommes de l’empire voient les êtres et oublient le Tao ; ils se contentent de savoir que le ciel est pur, que la terre est en repos, que les esprits sont doués d’une intelligence divine ; que les vallées sont susceptibles d’être remplies, que les dix mille êtres naissent, que les vassaux et les rois sont les modèles du monde. Mais ils ignorent que c’est du Tao qu’ils ont obtenu ces qualités. La grandeur du ciel et de la terre, la noblesse des vassaux et des rois, c’est l’Unité qui les a produites. Mais qu’est-ce donc que l’Unité ? Vous la regardez et ne pouvez la voir ; vous voulez la toucher et ne l’atteignez pas. On voit que c’est la chose la plus subtile du monde.


(2) J’ai rendu le mot tching par « modèle. » E : Les princes