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de prudence ; mais cela n’est pas aussi difficile que de se connaître soi-même. Celui-là seul qui peut connaître sa nature, mérite d’être regardé comme l’homme le plus éclairé du monde.

Celui qui a assez de courage pour vaincre les hommes et les subjuguer, peut s’appeler doué de force ; mais cela n’est pas aussi difficile que de se vaincre soi-même.

Celui-là seul qui peut vaincre ses passions, mérite d’être appelé le plus fort de tout l’univers.

C : Celui qui connaît les hommes est prudent ; il voit les choses extérieures. Son savoir se borne à connaître les bonnes ou les mauvaises qualités des hommes, la supériorité ou l’infériorité de leurs talents. Celui qui se connaît lui-même est éclairé ; il est doué d’une vue intérieure. Celui-là seul est capable de se connaître lui-même, qui concentre en lui-même son ouïe pour entendre ce qui n’a pas de son (le Tao), et sa vue pour voir ce qui n’a pas de corps (le Tao).


(2) E : Celui qui ne sait pas se suffire, a des désirs insatiables ; quand il aurait des richesses surabondantes, il serait constamment dans le besoin (littéral. « comme n’ayant pas sa suffisance » ). Un tel homme ne peut s’appeler riche. Celui-là seul mérite ce nom, qui se suffit à lui-même, qui reste calme et exempt de désirs, et qui est riche du peu qu’il possède.


(3) E : « Celui qui ne peut agir avec énergie (pour arriver au Tao), échoue souvent dans ses desseins. Sa volonté ne mérite pas d’être citée. Mais le sage qui agit avec énergie, avance sans cesse (dans le Tao) ; plus le Tao lui paraît éloigné, et plus sa volonté s’anime à le chercher. On peut dire qu’il est doué d’une forte volonté. »

Cette explication paraîtrait contraire au système de Lao-tseu, si l'on ne se rappelait qu’il ne blâme l’usage de la force et de l’énergie qu’autant qu’on les applique à la recherche des choses mondaines.


(4) E : Chaque être a son essence particulière. Celui qui s’en écarte