Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


(6) E : Lao-tseu revient aux princes d’un mérite sublime (B : aux princes de la haute antiquité). Le mot yeou veut dire « lentement, sans se presser. » Le mot koueï veut dire « lourd, grave. » Les princes d’un mérite sublime (B : les princes de la haute antiquité) étaient graves et réservés dans leurs paroles ; ils n’osaient laisser échapper aucune expression légère et inconsidérée. Si telles étaient leurs paroles, on peut juger de ce qu’était leur conduite.


(7) Lo-hi-ming : Ils conformaient leur conduite aux temps où ils vivaient. Ils faisaient en sorte que tout le peuple pût suivre son naturel simple et candide. Les cent familles (le peuple) ne songeaient point à les aimer, à les louer, à les craindre ou à les mépriser (dispositions que Lao-tseu présente, au commencement de ce chapitre, comme des signes certains de l’affaiblissement graduel de la vertu chez les princes et les peuples).

Sou-tseu-yeou : Le peuple se portait au bien et s’éloignait du crime sans s’en apercevoir. Il disait (Liu-kie-fou) : « Je suis mon naturel, » et personne ne savait quels étaient les auteurs de cet heureux résultat. Comment auraient-ils pu les aimer ou les louer ?

Ou-yeou-thsing : Ils faisaient en sorte que le peuple reçût en secret leurs bienfaits et que chacun fût content de son sort. Le peuple croyait obtenir de lui-même tous ces avantages ; il ignorait qu’il en fût redevable à ses rois !