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LIVRE I

LITTÉRATURE HÉROÏQUE ET CHEVALERESQUE

CHAPITRE I

LES CHANSONS DE GESTE

1. Origines de l’épopée française. Formation des chants épiques. — 2. Fin de l’inspiration épique. La Chanson de Roland. Raoul de Cambrai. Les Lorrains. — 3. Transformation de l’épopée en roman : trouvailles et erreurs du goût individuel. Remaniements et manipulations diverses des sujets épiques. Les cycles. Le comique. Avilissement progressif de l’épopée.

Les premiers monuments de notre littérature sont, comme on l’a vu, d’inspiration cléricale : il ne faut pas s’en étonner, les clercs seuls écrivaient. Mais la société laïque, l’aristocratie féodale avait pourtant déjà ses poèmes qui l’enchantaient, des chansons, et surtout des récits de caractère épique : seulement on ne les écrivait pas. La floraison de la poésie lyrique fut plus tardive : l’épopée se développe la première dans notre littérature[1].

ORIGINES DE L’ÉPOPÉE FRANÇAISE

[Voici comment jusqu’à hier les médiévistes s’accordaient à peu près pour imaginer ce développement.]

La Chanson de Roland, qui, dans la forme où nous la présente le

  1. À consulter : G. Paris, Histoire poétique de Charlemagne, Paris, 1865 ; L. Gautier, les Épopées françaises, 2e éd., Paris, 1878-94, 4 vol. in-8o ; P. Raina, le Origini dell’ epopea francesa, Florence, 1884 ; C. Nyrop, Storia dell’ epopea francesa, trad. par E. Gorra, Turin, 1888 ; G. Kurt, Histoire poétique des Mérovingiens, Paris, 1893, in-8 ; A. Jeanroy, Études sur le cycle de Guillaume au court nez (Romania, t. XXV et XXVI) ; Coulet, Le voyage de Charlemagne en Orient, 1907 ; J. Bédier, Les Légendes épiques : Recherches sur la formation des Chansons de geste, 1908, 2 vol.