Page:Lanne - Une officine royale de falsifications, 1903.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

[avala avec beaucoup de peine. Heureusement sa maladie ne le faisait pas beaucoup souffrir ; c’était plutôt un abattement et un dépérissement que des douleurs vives. Il eut plusieurs crises fâcheuses ; la fièvre le prit ; ses forces diminuaient chaque jour et il expira sans agonie.

Ainsi mourut le 9 juin 1795, à trois heures après-midi[1], Louis XVII, âgé de dix ans et deux mois. Les commissaires le pleurèrent amèrement, tant il s’était fait aimer d’eux par ses qualités aimables. Il avait eu beaucoup d’esprit, [mais la prison et les horreurs dont il a été victime l’avaient bien changé et même s’il eût vécu, il est à craindre que son moral n’en eût été affecté.]

Je ne crois pas qu’il ait été empoisonné, comme on l’a dit, et comme on le dit encore : [cela est faux, d’après le témoignage des médecins qui ont ouvert son corps, où ils n’ont pas trouvé le moindre vestige de poison. Les drogues qu’il avait prises dans sa dernière maladie ont été décomposées et se sont trouvées saines.] Le seul poison qui ait abrégé ses jours, c’est la malpropreté jointe aux horribles traitements, à la cruauté et aux duretés sans exemple qu’on a exercées envers lui.

[Telles ont été la vie et la fin de mes vertueux

  1. Madame Royale n’était pas mieux informée de l’heure que du jour. La nouvelle de la mort était apportée au Comité de sûreté générale à deux heures un quart. Étrange insouciance ! l’erreur n’a été corrigée dans aucune des éditions.