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de la Restauration, et il n’est pas difficile à qui a étudié avec un peu d’attention le système suivi par ces historiens de démêler à quel ordre de besoins elle répond.

Mais si le fait était vrai, la même question se poserait encore une fois : comment expliquer que Marie-Thérèse, qui raconte la visite de Robespierre[1], ne fasse aucune mention de la demande qu’elle lui aurait remise, non plus que de la requête qu’elle aurait précédemment adressée à la Convention ?

S’il fallait en croire les récits plus savamment fantaisistes que M. de Beauchesne a essayé d’introduire dans l’histoire sous la garantie d’un étrange témoin trouvé par lui, le gardien Gomin, on aurait même à enregistrer une omission qui révolterait tous les sentiments humains. Voici ce que raconte

  1. Pour donner la mesure de la liberté avec laquelle certains écrivains, soit par parti pris, soit par fantaisie, travestissent l’histoire, il est bon de mettre en regard du récit précédent celui que Madame Royale elle-même, dans sa Relation, a laissé de la visite de Robespierre : « Il vint un jour un homme, je crois que c’était Robespierre ; les municipaux avaient beaucoup de respect pour lui. Sa visite fut un secret pour les gens de la tour, qui ne surent pas qui il était, ou qui ne voulurent pas me le dire. Il me regarda insolemment, jeta les yeux sur les livres et après avoir cherché avec les municipaux, il s’en alla. »