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Il n’indique pas où il a pris ce renseignement[1], ce qui serait intéressant à savoir : car l’incident, si l’on prend la peine d’y réfléchir, est bien tout ce qu’on peut imaginer de plus invraisemblable. Il faudrait admettre, non pas seulement que Marie-Thérèse s’est « doutée qu’elle avait devant elle un individu du pouvoir », mais qu’elle avait été prévenue de cette visite d’un individu du pouvoir, pour avoir tenu prêt le billet. L’on se figure d’ailleurs assez difficilement la prisonnière accueillant un personnage comme Robespierre avec le silence et l’attitude du dédain, et le « divin » Maximilien recevant ce billet préparé par un parti pris d’impertinence, ou attendant avec une patiente condescendance que la hautaine fille de Louis XVI ait crayonné quelques lignes pour éviter de lui adresser la parole. L’anecdote a été évidemment inventée par quelqu’un des écrivains

  1. M. Imbert de Saint-Amand pourrait dire qu’il l’a pris dans Nettement (qui ne dit pas d’où il le tient). On peut s’étonner que l’invraisemblance criante du récit ne l’ait pas arrêté, surtout quand on constate qu’il a reculé devant l’aggravation que les derniers mots du récit de Nettement apportent à cette invraisemblance : « Après avoir donné ce papier, elle détourna la tête et se remit à lire. » Cela faisait vraiment de Maximilien Robespierre un personnage un peu trop débonnaire et un courtisan à l’échine trop souple.