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une fois pour toutes comme synonyme d’un modèle de toutes les vertus, ne se sont pas arrêtés devant ce problème moral. Ils ne l’ont pas même aperçu, et, avec la bonne foi d’une solide prévention, ils ont tout simplement attribué à la sœur du Dauphin les sollicitudes et les préoccupations qu’elle devait avoir et supposé les démarches qu’elle devait faire.


Ah ! pourquoi ne lui permettait-on pas de descendre au deuxième étage, de se faire ouvrir la porte de la chambre où gémissait le pauvre enfant, de le secourir, de le consoler, de le soigner, de le sauver ? Elle serait son bon ange, elle l’arracherait à la misère et à la mort. Pour accomplir cette œuvre de délivrance et de salut, il lui faudrait seulement descendre quelques marches, et on le lui interdisait ! Quel supplice pour cette jeune fille sublime qui aurait donné mille fois sa vie pour sauver celle de son frère[1] !


C’est en ces termes éloquents et touchants qu’un de ses panégyristes nous dépeint ses angoisses fraternelles.

Qui ne répugnerait en effet à croire que ce cœur de seize ans soit resté glacé par une indifférence révoltante ; que le désir ardent

  1. M. Imbert de Saint-Amand, La Jeunesse de la duchesse d’Angoulême.