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pour le frère de son roi, et d’un souverain étranger prenant sur lui de retenir cet envoyé et de se charger de ses dépêches, quelque chose de si singulier et de si contraire à tous les usages, — quelque chose de si invraisemblable par conséquent, — que le besoin de l’expliquer semble avoir préoccupé tous ceux qui ont entrepris de propager cette version. Les termes mêmes de la lettre qu’on donne comme ayant été écrite par le comte de Provence à M. de Jarjayes semblent dictés par cette préoccupation.

Ce qui n’est pas moins étonnant est ceci : que M. de Jarjayes, intimement lié de tout temps avec M. de Goguelat, ne lui aurait jamais montré ces lettres et que celui-ci n’en aurait eu communication qu’après la mort de son ami. Il est impossible d’interpréter autrement cette phrase de la relation publiée plus haut : « Ce loyal serviteur a conservé ces lettres jusqu’à sa mort et les portait constamment sur son cœur. Elles sont maintenant entre les mains de sa respectable veuve, qui a bien voulu me les communiquer. » Cette phrase implique même nécessairement que ce ne fut pas seulement la communication matérielle qui fut posthume : le baron de Goguelat se fût exprimé