Page:Lanne - Une officine royale de falsifications, 1903.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jarjayes n’aurait-il pas été, au moment de son départ de France, dupe d’une fausse commission préparée par quelque affidé du comte de Provence ? Ou même, le récit publié sous l’autorité de son nom est-il vraiment de lui ? Et quand on aura examiné avec attention les termes de ce récit et les circonstances dans lesquelles il a été produit, il deviendra impossible de ne pas le juger manifestement apocryphe.

Il faut remarquer d’abord que M. de Jarjayes, chargé spécialement par la Reine de transmettre un dépôt précieux au comte de Provence, ne se serait pas acquitté en personne d’une commission ayant un caractère de confiance aussi marqué. Voici comment Eckart, un des historiens complaisants de la Restauration, explique ce fait assez extraordinaire : « Chargé en outre par Madame Élisabeth d’une mission pour la princesse de Piémont, M. de Jarjayes se rendit d’abord à Turin, où Sa Majesté sarde le retint, l’employa auprès de sa personne et voulut envoyer lui-même à Monsieur les dépêches des illustres prisonniers par un courrier extraordinaire. » Il y a dans ce fait d’un envoyé spécial se dispensant de s’acquitter lui-même d’un message de cette nature de la part de sa reine