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des siens et par ses propres infortunes, leur apparaît presque comme une créature surhumaine, entourée d’une sorte d’auréole céleste. Les sentiments qu’ils lui témoignent dépassent le respect et l’admiration, ils vont jusqu’à la vénération. Il semble que toutes les formules de louange épuisées leur laissent encore le regret d’une expression impuissante. Jamais le mot d’ange n’a été autant prodigué ; ange de grâce, ange de vertu, ange de douceur, ange de bonté, ange de dévouement ; cela prend la forme de véritables litanies. Pour les écrivains de l’opposition, elle est le mauvais génie de la France, l’implacable ennemie de tout progrès, la conseillère des mesures de rigueur. Ils l’accusent de dureté de cœur, de morgue, de mépris pour tout ce qui est au dessous d’elle, de fanatisme, d’esprit de vengeance, d’hypocrisie, de fausse dévotion, de fausse bonté, de fausse vertu. Les pamphlétaires vont jusqu’à rééditer contre elle les atroces calomnies sous le poids desquelles on a si cruellement accablé sa mère.

La vérité est certainement entre ces deux extrêmes ; mais à quel point intermédiaire peut-on la fixer ?

Ses qualités natives semblaient promettre la plus heureuse éclosion, si rien n’en venait