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dès lors inévitable, il ne restait plus à M. de Jarjayes qu’une dernière preuve de dévouement à donner. Toulan, à l’aide d’une pieuse fraude, était parvenu à soustraire à la Commune le cachet de Louis XVI, son anneau, ainsi qu’un paquet renfermant des cheveux de tous les prisonniers du Temple. Le plus vif désir des princesses était que ces souvenirs tristes et chers à la fois fussent transmis par des mains fidèles à Monsieur, aujourd’hui régnant, et à Monseigneur le comte d’Artois. La Reine en chargea M. de Jarjayes.

Les princes français étaient alors à Hamm en Westphalie. M. de Jarjayes s’acquitta de la mission dont il était chargé avec autant d’exactitude que de succès ; il eut le bonheur de faire parvenir à Monsieur les précieux gages de tendresse que lui adressait sa famille. Son Altesse Royale les reçut avec un douloureux plaisir : elle daigna manifester sa satisfaction au général dans une lettre remplie des témoignages d’estime les plus flatteurs et les plus honorables dont puisse s’enorgueillir un serviteur fidèle. Cette lettre est datée de Hamm, le 14 mai 1793. On y remarque ces expressions touchantes :

« Vous m’avez procuré le bien le plus précieux que j’aie au monde, la seule consolation véritable que j’aie éprouvée depuis nos malheurs : il ne me manque que de témoigner moi-même, aux êtres plus chers que ma vie dont vous m’avez donné des nouvelles, combien je les aime, combien leur billet et l’autre gage de leur amitié, de leur confiance, ont pénétré mon cœur des plus doux sentiments. Mais je ne puis me flatter de