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précipita dans leurs bras, pressa la jeune dame contre son cœur ! Elle avait été la première compagne, la plus tendre amie de son enfance.


Le récit de Mme de Tourzel est un peu différent.


Je demandai à Gauthier[1] (dit-elle) si Madame avait connaissance de toutes les pertes qu’elle avait faites ; il nous dit qu’il n’en savait rien, et nous eûmes tout le long du chemin, du Comité, qui se tenait à l’hôtel de Brienne, jusqu’au Temple, l’inquiétude d’avoir peut-être à lui apprendre qu’elle avait perdu tout ce qui lui restait de plus cher au monde.

En arrivant au Temple, je remis ma permission aux deux gardiens de Madame, et je demandai à voir Mme de Chanterenne en particulier. Elle me dit que Madame était instruite de tous ses malheurs et que nous pouvions entrer. Je la priai de dire à Madame que nous étions à la porte. Je redoutais l’impression que pouvait produire sur cette princesse la vue des deux personnes qui, à son entrée au Temple, accompagnaient ce qu’elle avait de plus cher au monde, et dont elle était réduite à pleurer la perte ; mais heureusement, la sensibilité qu’elle en éprouva n’eut aucune

  1. Gauthier (de l’Ain) était membre du Comité de sûreté générale et était chargé du département de la police. Il paraît certain que Mme de Tourzel avait des titres quelconques à sa protection particulière.