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La terrible Convention écouta sans colère cet appel à la clémence en faveur de la fille des tyrans. Il est même probable qu’elle l’avait en secret encouragé, sinon provoqué, car cette manifestation servait des projets déjà formés et des négociations entamées au lendemain de l’événement qui avait si singulièrement fait tourner le vent à la réaction. Le 30 de ce même mois de juin (12 messidor an III), Treilhart, au nom des Comités de salut public et de sûreté générale, présentait un rapport contenant la proposition officielle d’échanger la fille de Louis XVI contre les prisonniers français détenus par l’Autriche. Ce rapport était habilement motivé :


Les triomphes du peuple français, l’espoir de tous les hommes éclairés, l’opinion du monde entier, sanctionnent la République. Il serait insensé de douter de son affermissement. Le moment est donc venu où il peut convenir de fixer ses regards sur la fille du dernier roi des Français. Un devoir impérieux, la sûreté de l’État, vous prescrivit la réclusion de cette famille. Aujourd’hui, vous êtes trop forts pour que cette mesure de rigueur soit encore indispensable. Vos Comités vous proposent de faire servir un acte d’humanité à la réparation d’une grande injustice. La plus odieuse et la plus noire des trahisons a