Page:Langlois - Le couronnement de Louis.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
li
l’élément historique

laume le défenseur nécessaire de Louis le Débonnaire, Gontier subit une transformation parallèle à celle de son souverain Louis II, et quand celui-ci céda la place à Louis, fils de Charles, lui-même fut absorbé par Guillaume.

L’identification de Corsolt est encore plus difficile que celles de Guaifier et de Guillaume. Il ne faut peut-être voir dans ce personnage qu’un de ces géants qu’on rencontre dans la poésie primitive de tous les peuples, créés par l’imagination pour mettre en relief le guerrier qui les terrasse[1].

En combinant les faits historiques que j’ai cités et les suppositions que j’ai émises plus haut, on pourrait se représenter ainsi le développement de la seconde branche du Coronement Looïs. À l’origine, un poème racontait la délivrance de Guaifier, que les Sarrasins tenaient assiégé dans Salerne, par Gontier, à la tête

  1. Cependant on trouve dans la Vita Hludowici pii imperatoris un personnage qui pourrait bien être devenu le type de Corsolt. En 787 ou 788, Corson, comte de Toulouse, s’étant laissé prendre par les Gascons, fut destitué et remplacé dans sa charge par Guillaume. Ea tempestate Chorso, dux Tholosanus, dolo cujusdam Wasconis, Adelerici nomine, circumventus est et sacramentorum vinculis obstrictus sicque demum ab eo absolutus... Chorsone porro a ducatu Tholosano submoto, ob cujus incuriam tantum dedecus regi et Francis acciderat, Willelmus pro eo subrogatus est (Pertz, Mon. Germ. hist. in-f° ; Script. II, 609). Que devint-il après sa disgrâce ? Il n’est plus mentionné nulle part et nous n’avons aucun renseignement sur son compte ; mais il est permis de conjecturer que, dès cette époque, Guillaume dut le compter au nombre de ses ennemis, dans les rangs des Gascons ou des Sarrasins. Un combat entre les deux adversaires a pu former la légende dont le dernier écho se retrouve dans le Coronement Looïs. Toutefois c’est là une pure hypothèse.