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remaniements en prose

au Dieu ou quel est ta creance, qui tu es et sce c’est le tien cry que de Nerbonne, ou pour quoy tu l’as cy presentement crié.

— Je le puis bien faire, Sarrasin, » fet il, « et puis que tu m’as tant conjuré comme sur la loy que je tiens, laquelle ne sera ja par moy faulcee, te repondz je que je suy de la lignie de Nerbonne, et suy filz au conte Aymery, lequel en peut porter les armes et le cry, en despit de tous les payens du monde.

— Bien pert a ton langaige que tu es du linaige, vassal, » fet il, « car tu parles trop outraigeusement, et bien say que Aymery a fait maint mal au peuple croiant en Mahom, dont mal luy en prendra en la fin, et a toy aussy avant que de mes mains puissies eschaper, se une chosse ne veulx faire et acorder, laquelle je te diray cy presentement : c’est, pour tant que te voy vaillant homme et que je sçay que grant damaige seroit de ta mort, que tu creusses en la loy que Mahom nous donna et prescha, et que tu renonces a la loy que les chrestiens tiennent ; je te donray des terres et des seigneuries plus que tu ne vouldras demender, et sy avras ma suer Matrosne, qui tant est belle que en peannie n’a sa pareille de beaulté. »

Et quant Guillaume de Nerbonne entendi le roy Corbault, qui a sa loy le cuida atraire, il luy respondi lors : « Bien pert que tu as cueur failli, Sarrasin, » fet il, « quant, pour ung coup de jouste que tu as de moy cy receu, veulx parlementer et entrer en composicion. Tant veil que tu saichies que tu es trop loings de ton compte, car je ne suy mye cy envoyé de par le mien pere Aymery pour toi deporter de mort ne pour toy lessier vivre longuement, ainçois y suy transmis pour toy combatre, pour toy tolir la vie, et pour le tien chief coper et porter au fer de la lance mesmes a Nerbonne, ou plus ne me oseroie trouver se ainssy ne le faisoie comme je te dy, car ainsy l’ay je convenancé du faire. Et au regart de ta sueur, dont tu m’as cy parlé, ne tien je compte, car j’ay plus belle sans nulle comparaison que