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et il y a pris tout ce qui pouvait entrer dans son plan. Il connaît par conséquent déjà l’importance des circonvolutions cérébrales, la différence du développement relatif de plusieurs parties du cerveau chez les animaux supérieurs et inférieurs, etc.

69 [page 354]. La discussion détaillée de ce problème se trouve pages 22 et suiv. de l’édition d’Amsterdam, 1774. — En ce qui concerne la méthode d’Ammann, de la Mettrie en donne[1] une analyse minutieuse, ce qui prouve le soin consciencieux avec lequel il s’est occupé de cette question.

70 [page 357]. Dans la première édition, j’admettais par erreur que de la Mettrie et Diderot étaient d’accord, tandis que de la Mettrie combattait Diderot déiste et téléologue, et se moquait de son « univers », sous le poids duquel il voulait « écraser » l’athée. D’un autre côté, on doit rappeler que Diderot, immédiatement après le passage que Rosenkranz[2] cite en faveur du déisme de Diderot, publia le chapitre 21, d’une tendance totalement opposée. Diderot y combat l’argument (reproduit récemment par E. de Hartmann), en faveur de la téléologie, au moyen de l’invraisemblance mathématique de la finalité comme simple cas spécial de combinaisons résultant de causes sans but. La critique de Diderot démolit de fond en comble cet argument spécieux, sans toutefois présenter l’universalité et l’évidente, qui résultent des principes établis par Laplace. Ici on peut se demander, et la chose en vaut la peine, si Diderot, dans ce chapitre, n’a pas voulu sciemment détruire pour les esprits compétents toute l’impression de ce qui précédait, tandis qu’aux yeux de la masse des lecteurs il conservait l’apparence d’un déisme plein de foi. On peut aussi admettre, et cette hypothèse nous paraît la plus probable, que les prémisses de conclusions tout à fait opposées se trouvaient alors dans l’esprit de Diderot les unes à côté des autres, encore aussi confuses qu’elles le sont dans les deux chapitres contradictoires et successifs de son ouvrage. Si quelqu’un voulait prouver qu’à cette époque-là Diderot penchait déjà vers l’athéisme, il devrait s’appuyer principalement sur ce chapitre. Au reste de la Mettrie, qui avait peu de goût pour la mathématique, paraît ne pas avoir compris l’importance de ce chapitre, laquelle a pareillement échappé à Rosenkranz. Il appelle les Pensées philosophiques « sublime ouvrage qui ne convaincre pas un athée » ; mais nulle part il ne pense que Diderot, en feignant d’attaquer l’athéisme, le recommandait indirectement. — D’après cela, il faut singulièrement réduire l’influence que Diderot aurait exercée sur de la Mettrie. Nous avons montré qu’en principe L’Homme-

  1. Histoire naturelle de l’âme.
  2. Diderot, I, p. 40 et suiv.