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contre il admet en passant l’hypothèse des atomes de Démocrite, on ne peut concilier ce détail avec le reste de son système. » Le mot ne pas ou guère avait été omis dans l’impression. J’ai dans l’intervalle changé d’avis à la suite d’une 2e lecture de la Correspondance confidentielle, et je trouve que l’auteur joue un jeu double avec son orthodoxie philosophique comme avec son orthodoxie théologique ; car si, d’un côté, il se ménage une retraite pour toutes les éventualités, de l’autre, il raille très-ouvertement. — Il est possible que nous soyons ici en face d’un développement de la fusion mentionnée par Zeller, d’après Leibnitz, de l’atomistique avec une modification de la théorie de la forma sabstanliatlis (voir plus haut la note 42) ; mais ce n’est jamais que comme une base générale, sur laquelle l’auteur se meut avec une grande liberté subjective. — Au reste les atomes comme conservotores sperierum, c’est-à-dire conservateurs des formes et des espèces, appartiennent, non au système de Démocrite, mais à celui d’Épirure, comme nous l’avons suffisamment démontré dans la première partie, Épicure ayant établi un rapport entre la conservation de la régularité dans les formes de la nature et le nombre fini des différentes formes d’atomes. On a confondu ici, comme bien souvent, Épicure avec Démocrite, non-seulement parce que l’idée fondamentale de l’atomistique ne revient à Démocrite, mais encore parce que son nom réveillait moins de susceptibilités que celui d’Épicure.

53 [page 335]. On voit ici qu’il ne suffit pas, dans des travaux historiques, de puiser scrupuleusement aux sources pour obtenir le tableau fidèle et complet d’une époque. On n’adopte que trop aisémet l’habitude de recourir toujours aux mêmes sources une fois citées, et d’oublier de plus en plus ce qu’on a une fois oublié. Une bonne garantie contre cet inconvénient se trouve dans les journaux, autant qu’on peut s’en procurer. Je me rappelle avoir trouvé d’abord la Vertrauter Briefwechsel (Correspondance confidentielle) et le nom de Pancrace Wolff, en cherchant des articles de critique et d’autres traces de l’influence de L’Homme-machine en Allemagne. En général, il me semble que l’histoire de la vie intellectuelle en Allemagne, de 1680 à 1740, offre encore de grandes et nombreuses lacunes.

54 [page 337]. Voir Zeller, Gesch. d. deutschen Philos. seit Leibnitz, Munich, 1873, p. 304 et p. 396 et suiv. Le lecteur comprend involontairement dans le sens d’une série chronologique des phrases telles que celles-ci : « C’est de même que Condillac ne franchit pas la distance qui séparait le sensualisme du matérialisme. » — « Helvétius alla plus loin » ; — « chez lui le sensualisme dénote déjà une tendance évidente vers le matérialisme » (p. 397). — « Cette manière de voir s’accuse encore plus nettement chez de la Mettrie, Diderot et d’Holbach. » Ici, en ce qui con-