Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/537

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

58 [page 216]. Ce passage est emprunté à M. Carrière[1]. Dans cet ouvrage riche en pensées, Bruno est traité avec une prédilection particulière. Voir encore Bartholméss, Jordano Bruno, Paris, 1816, 2 vol.

59 [page 216]. Carrière ibid., p. 384 — Cette distinction, déjà utilisée par les philosophes arabes, entre l’intention morale de la Bible et son langage approprié aux idées de l’époque, se retrouve dans la lettre que Galilée écrivit à la grande-duchesse Christine : « De sacræ scripturæ testimoniis in conclusionibus mere naturalibus, quæ sensata experientia et necessariis demonstrationibus evinci possunt, temere non usurpandis. » (« Il ne faut pas employer à la légère les témoignages de l’Écriture sainte pour des conclusions purement naturelles, que l’on peut obtenir à l’aide d’une expérience judicieuse et de démonstrations irrésistibles. »)

60 [page 218]. Sous ce rapport, le jugement écrasant de Liebig[2] ne pouvait être atténué par aucune réplique[3] ; les faits sont trop probants. Le dilettantisme le plus frivole dans ses propres essais relatifs a la science de la nature, la science ravalée à une hypocrite adulation de cour, l’ignorance ou la méconnaissance des grands résultats scientifiques obtenus par les Copernic, les Kepler, les Galilée, qui n’avaient pas attendu l’Instauratio magna, une polémique acrimonieuse, une injuste dépréciation des véritables savants qui l’entouraient, tels que Gilbert et Harvey, — voilà bien des faits de nature à montrer le caractère scientifique de Bacon sous un jour aussi défavorable que son caractère politique et personnel, de telle sorte que l’opinion de Macaulay[4] d’ailleurs déjà combattue avec justice par Kuno Fischer[5], n’est plus soutenable. Moins simple est le jugement sur la méthode de Bacon. Ici Liebig a sans doute dépassé les bornes, bien que ses remarques critiques sur la théorie de l’induction[6] renferment des documents précieux pour une théorie complète de la méthode dans l’étude de la science de la nature. Un fait qui provoque de sérieuses réflexions, c’est que des logiciens judicieux et instruits, tels que W. Herschel[7] et

  1. Die philos. Weltansch. der Reformationszeit.
  2. Ueber Francis Bacon von Verulam und die Methode der Naturforschung, München, 1863, trad. en fr. sous le titre : Lord Bacon, par P. de Tchihatchef, Paris, 1866.
  3. Ueberweg, Grundriss, 3e édit., III, p. 39.
  4. Crit. and hist. Essays, III.
  5. Baco von Verulam, Leipzig, 1856, p. 5 et suiv.
  6. Induction und Deduction, München, 1865.
  7. Discours sur l’étude de la philosophie naturelle, etc., trad. en fr. par B***, Paris, 1834.