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niait pour l’adapter à la théorie, dont l’origine était a priori. Aussi, l’alchimie ne se préoccupait-elle guère que des résultats présumés et songeait peu à la recherche libre. Il en est bien encore un peu ainsi dans la chimie moderne, où l’expérimentation subit plus ou moins le joug des théories générales, naguère presque omnipotentes et aujourd’hui moins puissantes ; quoi qu’il en soit, l’expérimentation constitue la base de la chimie moderne ; dans l’alchimie, l’expérimentation était l’esclave de la théorie aristotélique et scolastique. L’alchimie et l’astrologie avaient toutefois une forme scientifique qui consistait dans la démonstration logique de quelques notions sur la nature et les relations mutuelles de tous les corps ; ces notions étaient simples, mais leur combinaison pouvait donner les résultats les plus variés. Quant aux progrès que l’astrologie dans sa forme la plus pure a fait faire à l’esprit scientifique, voir encore Hartpole Lecky, Geschichte der Aufklärung in Europa, p. 215 et suiv., où, à la note 1, p. 216, sont citées plusieurs assertions hardies d’astrologues libres-penseurs. Voir aussi Humboldt, Cosmos, II, p. 256 et suiv.

20 [page 168]. Draper, Hist. du dével. intel. en Europe, trad. fr., t. Il, p. 196 et suiv. — La médecine des Arabes est jugée moins favorablement par Haeser (Gesch. d. Med., 2e éd., Iéna. 1853, § 173 et suiv.) et Daremberg (Hist. des sciences médicales, Paris, l870) ; ce qu’en disent ces deux écrivains suffit cependant pour attester la grande activité des Arabes sur ce terrain.

21 [page 168]. Voir Wachler, Handb. der Gesch. d. Liter., II, § 87. — Meiners. Hist. Vergleich der Sitten u. s. w. des Mittelalters mit d. unsr. Jahrh., ll, p. 413 et suiv. — Daremherg[1] montre que l’importance médicale de Salerne est antérieure à l’influence arabe et date probablement de l’antiquité. Quoi qu’il en soit, l’école de Salerne prit un grand essor grâce à le protection que lui accorda l’empereur Frédéric II.

22 [page 168]. L’assertion, d’après laquelle Averroès, l’empereur Frédéric II ou quelque autre audacieux libre-penseur aurait appelé Moïse, Jésus-Christ et Mahomet « trois imposteurs », paraît généralement avoir été une calomnie au moyen âge et une invention propre à faire suspecter et détester les libres-penseurs. Plus tard, on imagina un livre pour accréditer le propos fabuleux relatif aux trois imposteurs, et un grand nombre de libres-penseurs furent accusés d’avoir composé un ouvrage qui n’existait pas (voir la liste de ces personnes dans Genthe, de Impostura religionum, p. 10 et suiv. ; Renan, Averroès, p. 235 ; enfin l’ardeur, avec laquelle un discutait sur l’existence de ce livre, détermine des industriels litté-

  1. Hist. des Sciences médicales. I, p. 259 et suiv.