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tombeaux de feu[1]. Au reste, l’acception du nom de « stoïciens » s’est aussi étendue d’une manière analogue.

15 [page 165]. Renan[2] montre comment l’interprétation la plus abstraite de l’idée de Dieu fut favorisée notamment par la polémique dirigée contre la Trinité et l’incarnation du Verbe. Renan compare l’école conciliante des « Motasélites » à celle de Schleiermacher.

16 [page 166]. La première de ces opinions était professée par Avicenne, tandis que, suivant Averroès, sa véritable opinion aurait été la seconde. Averroès lui-même fait exister déjà dans la matière, « comme possibilité », tous les changements et mouvements dans le monde, particulièrement la naissance et la destruction des organismes ; et Dieu n’a rien à faire, sinon à changer la possibilité en réalité. Mais pour peu qu’on se place au point de vue de l’éternité, la différence entre la possibilité et la réalité disparaît, toute possibilité se transformant en réalité dans l’éternelle suite des temps. Mais alors, au fond, pour le plus haut degré de la contemplation, disparaît aussi l’opposition entre Dieu et le monde. (Voir Renan, Averroès, p. 73, 82 et suiv.)

17 [page 166]. Cette opinion, qui s’appuie sur la théorie du νοῦς ποιητικός[3] d’Aristote, a été appelée « monopsychisme ». Elle montre que l’âme immortelle est une seule et même essence dans tous les êtres entre lesquels elle se partage, tandis que l’âme animale est périssable.

18 [page 167]. Voir Humboldt, Cosmos, II, p. 258 et suiv., — Draper Hist. du dével. intell. en Europe, trad. fr., t. II, p. 303 et suiv.). L’auteur, est surtout versé dans les sciences naturelles (voir note 4), déplore (t. II, p. 308) que les lettrés européens aient systématiquement rejeté dans l’oubli les services que les mahométans nous ont rendus en fait de sciences.

19 [page 167]. Voir Liebig, Chemische Briefe, 3e et 4e lettre. L’assertion, « l’alchimie n’a jamais été autre chose que la chimie », va peut-être un peu trop loin. Liebig nous engage à ne pas confondre l’alchimie avec la recherche de la pierre philosophale, aux XVIe siècle et XVIIe siècle ; mais il devrait se rappeler que celle-ci n’est qu’une alchimie dégénérée, comme la manie des horoscopes de la même époque n’est qu’une astrologie retombée à l’état de barbarie. C’est surtout la différence de l’expérimentation et de la théorie qui peut éclairer celle de la chimie moderne et de l’alchimie du moyen âge. Aux yeux de l’alchimiste, la théorie s’appuyait sur des bases inébranlables ; elle dominait l’expérimentation, et quand celle-ci donnait un résultat inattendu, on s’ingé-

  1. Renan, Averroès, p. 123 et 227.
  2. Ibidem, p. 76 et suiv.
  3. Περὶ ψυχῆς III, 5.