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son âme l’accord du christianisme et de la culture moderne, que parce qu’il est profondément convaincu de l’efficacité pratique de la foi religieuse.

Mais a-t-il bien suivi la voie qui doit conduire à la transformation morale et sociale de l’humanité ? Est-ce nous intéresser à la cause de la métaphysique et de la religion, que nous demander d’y travailler sans y croire ? Ne réduit-il pas l’art à n’être qu’une distraction élégante, qu’un amusement d’oisifs, en lui refusant de servir d’interprète et de modèle à la réalité ? Il risque même de détourner les esprits de la science, en interdisant à la science tout commerce avec la réalité vraie. Mais surtout il ne saurait persuader aux hommes de travailler à l’œuvre collective de l’émancipation et du progrès, alors qu’il semble enchaîner les actions humaines, comme l’évolution de la nature elle-même, au déterminisme inexorable des lois mécaniques. Sans doute, c’est aux tendances sceptiques de la philosophie de Lange que nous faisons encore ici le procès. On nous accordera sans peine qu’elles ne sont propres qu’à diminuer l’efficacité de son enseignement pratique.

Ainsi l’absence d’autorité pratique n’est pas moins sensible que le manque d’unité dans l’œuvre de Lange. Tous nos reproches se ramènent à un grief plus général, l’incertitude de sa métaphysique.

Hâtons-nous de reconnaître que le dessein de Lange excuse en partie les défauts de son livre.

Ce n’est pas, en effet, une métaphysique qu’il s’est proposé de nous donner, mais une théorie de la connaissance, au point de vue spécial et restreint d’une analyse critique du mécanisme scientifique. Il cherchait avant tout à rap-