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mique contre le matérialisme. En 1743, il avait publié la Preuve qu’aucune matière ne peut penser, ouvrage qu’il remania en 1751. Toutefois cet opuscule est loin d’être aussi original que la Psychologie des bêtes. Il roule entièrement dans le cercle des définitions de Wolff. Vers le même temps, Martin Knutzen, professeur à Kœnigsberg, s’attaqua à la grande question du jour : la matière peut-elle penser ? Knutzen, qui compta Emmanuel Kant parmi ses élèves les plus zélés, s’appuie d’une façon indépendante sur Wolff, et donne non seulement un squelette métaphysique, mais encore des exemples détaillés et des matériaux historiques, qui attestent une grande érudition. Cependant ici encore l’argumentation est sans aucune espère de vigueur et il n’y a pas de doute que de pareils écrits, émanés des plus savants professeurs contre une doctrine décriée comme tout à fait insoutenable, frivole, paradoxale et insensée, durent contribuer puissamment à ébranler jusque dans ses fondements le crédit de la métaphysique (100).

Ces écrits et d’autres semblables (nous laissons complètement de côté l’Historia atheismi de Reimann (1725) et des ouvrages analogues d’une portée générale) avaient vivement soulevé en Allemagne la question du matérialisme, lorsque tout à coup L’Homme-machine tomba sur la scène littéraire comme une bombe lancée par une main inconnue. Naturellement la philosophie universitaire, qui se sentait sûre d’elle même, ne tarda pas à vouloir démontrer sa supériorité en attaquant ce livre scandaleux. Pendant que l’on attribuait encore la paternité de l’ouvrage, soit au marquis d’Argens, soit à Maupertuis, soit à un ennemi personnel quelconque de Mr de Haller, il y eut un déluge de critiques et de pamphlets.

Citons seulement quelques-unes des critiques allemandes. Le magister Frantzen s’efforça de démontrer, contrairement à L’Homme-machine, l’origine divine de la Bible entière et la certitude de tous les récits de l’Ancien comme du Nouveau