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formé par les mouvements de la langue. Lors de cette naissance se réalise le principe : Nihil est in intellectu quod non prius fuerit in sensu. Un homme ne saurait rien, si les fibres de son cerveau n’étaient pas excitées convenablement par les sens. Cela s’opère par l’instruction, l’exercice et l’habitude. De même que l’homme présente, dans ses membres extérieurs, de la ressemblance avec ses parents, de même en doit-il être de ses parties internes.

L’auteur qui souvent, sans se gêner, plaisante aux dépens des théologiens, se garde cependant, tout en conservant ses opinions matérialistes sur l’homme, d’en venir à un conflit trop tranché avec la théologie. Il s’abstient donc entièrement de philosopher sur l’univers et ses rapports avec Dieu. En rejetant assez ouvertement dans plusieurs passages l’idée d’une substance immatérielle, il tombe dans la contradiction pour n’avoir pas songé à étendre son principe à la nature entière. Mais est-ce réellement inconséquence, ou s’est-il conformé au principe gutta carat lapidem ? C’est ce que nous ne saurions dire. Il prétend suivre, en théologie, l’opinion de l’Anglais Cudworth, en d’autres termes, il admet avec Cudworth, pour ne pas choquer la croyance de l’Église, une résurrection de l’âme et du corps au jour du jugement dernier. Il déclare aussi que Dieu donna aux premiers hommes un cerveau d’une structure parfaite, qui se détériore après la chute d’Adam, comme le cerveau d’un homme à qui la maladie fait perdre la mémoire.

Quand nous agissons, la volonté se décide toujours en vertu de l’impulsion la plus forte et la théorie du libre arbitre est inadmissible. On doit ramener les impulsions de la volonté aux passions et à la loi. On pourrait peut-être croire que tant de mouvements dans le cerveau doivent nécessairement y produire la confusion, mais il suffit de se rappeler combien de rayons lumineux doivent se croiser pour nous apporter les images des objets et comment pourtant les rayons qui s’associent arrivent toujours au but. Si notre langue peut