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tervention d’une âme quelconque. » Il montre ensuite qu’au fond presque tous les philosophes de l’antiquité n’ont pas regardé l’âme comme une substance immatérielle telle que l’entendent les modernes. La forme (forma) de la philosophie d’Aristote a été définie très-exactement par Melanchthon, la construction même de la chose (ipsam rei exœdificationem). Cicéron en a fait un mouvement perpétuel (ἐνδελέχεια), lequel mouvement résulte de la structure du corps systématiquement organisé. L’âme est par conséquent une partie essentielle de l’homme vivant (hominis viventis) divisée non réellement, mais seulement dans l’esprit de celui qui la conçoit (nicht realiter, sondern nur in mente concipientis divisa). » Il cite aussi l’Écriture sainte, les Pères de l’Église et différentes sectes. Entre autres publications, il mentionne la thèse que les anabaptistes firent imprimer à Cracovie en 1568 dans laquelle on lisait : « Nous nions qu’une âme quelconque subsiste après la mort. » Voici à peu près quelles sont ses opinions personnelles.

Les fonctions de l’âme, la perception et la volonté, que l’on appelle ordinairement inorganiques (c’est-à-dire non organiques), se fondent sur la sensation. Le processus de la connaissance (processus intelligendi) a lieu de la manière suivante : « quand l’organe d’un sens (organum sensus), surtout de la vue et de l’ouïe (visus et auditus), est dirigé sur l’objet (objectum), différents mouvements s’effectuent dans ces fibres du cerveau (fibris cerebri) » qui aboutissent toujours à l’organe d’un sens. Ce mouvement dans le cerveau est identique à celui en vertu duquel des rayons lumineux tombent sur la feuille d’une chambre obscure (camera obscura), et forment une certaine image ; toutefois, cette image n’existe pas réellement sur la feuille, mais prend naissance dans l’œil. Les fibres de la rétine étant excitées, ce mouvement se propage dans le cerveau et y forme l’idée (Vorstellung). La combinaison de ces idées s’opère par le mouvement des fibres du cerveau, de la même manière qu’un mot est