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ne prends aucune part à ce jeu, et de ce que je n’ai pas tant d’ordures dans le corps.

» Le docteur Aristote lui-même dans le rigoureux examen du baccalauréat (im examen rigorosum baccalaureale) serait embarrassé pour expliquer son entéléchie, et Hermolaüs Barbarus ne saurait s’il doit traduire en allemand sa recti-habea par lanterne nocturne de Berlin ou par crécelle du guet de Leipzig. D’autres, qui ne veulent pas se mettre de ver sur la conscience avec le mot païen entéléchie (ἐντελέχεια), et qui veulent aussi dire quelque chose, font de l’âme une qualité occulte (qualitas occulta). Leur âme étant donc une qualitas occulta, nous voulons la leur laisser occultam ; quant à leur définition, elle n’est pas à dédaigner, car elle a la vertu de se réfuter elle-même.

» Nous nous tournons de préférence vers ceux qui désirent parler plus chrétiennement et rester d’accord avec la Bible. Chez ces personnes spirituelles, l’âme est appelée esprit. Cela veut dire que l’âme porte un nom dont l’objet nous est inconnu et peut-être n’existe pas. »

L’auteur matérialiste de la première lettre nous explique amplement par quelle méthode il est arrivé à sa théorie. Voyant que les physiologistes et avec eux les philosophes attribuaient à l’âme les fonctions les plus compliquées de l’homme, comme si l’on pouvait sans scrupule lui imposer toutes les charges, il commença, pour étudier ces fonctions sous toutes leurs faces, par comparer les actions des animaux à celles des hommes. Comme, ajoute-t-il, l’analogie dans les affections des animaux et des brutes (affectionibus animalium et brutorum) a fait croire à des philosophes modernes que les brutes avaient pareillement une âme immatérielle (animam immaterialem), il me vint à l’esprit, — les philosophes modernes étant arrivés à cette conclusion et les philosophes anciens ayant expliqué les actes des brutes (actiones brutorum) sans leur prêter une âme semblable, — de me demander si l’on ne pourrait pas aussi expliquer les actes de l’homme sans l’in-