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chants. Il est curieux de suivre les discussions qui s’échangeaient à ce sujet entre Lange et son ami Uberweg. Celui-ci voulait que la religion de l’avenir professât, comme l’antique hellénisme, le culte de la nature et de la vie, enseignât la sérénité et la joie, par « opposition au christianisme qui a négligé cette mission ». Lange exigeait que la religion contînt à la fois des enseignements pour les déshérités comme pour les heureux de ce monde.

« Je demandais qu’on conservât au moins auprès de l’édifice nouveau et plus riant de la religion de l’avenir… une chapelle gothique pour les cœurs affligés. Je voulais que, dans le culte national, fussent instituées certaines fêtes qui apprendraient aux heureux de la vie à abaisser de temps en temps leurs regards dans les abîmes de la souffrance humaine, et à se sentir avec les malheureux et même les méchants dans un commun besoin de délivrance… Je me rappelle très-bien qu’un jour où nous nous entretenions de la nécessité qu’il y aurait à faire entrer nos meilleurs chants d’Église dans le culte nouveau, Uberweg me demanda quel chant des livres protestants je prendrais volontiers. Je lui répondis avec la pleine conscience de la différence qui nous séparait, par le chant qui commence ainsi : « Ô tête couverte de sang et de blessures ! » Uberweg se détourna et renonça désormais à s’entendre avec moi sur la poésie religieuse de l’avenir. »

L’avenir verra-t-il s’élever de nouvelles cathédrales, ou se contentera-t-il de halles spacieuses et bien éclairées ? « Le chant de l’orgue et le son des cloches ébranleront-ils l’air avec une puissance nouvelle ; ou la gymnastique et la musique, au sens grec, deviendront-elles les arts préférés d’une