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lement la cause physique, explicable par la mécanique, c’est-à-dire la cause de la chute des corps et du mouvement des corps célestes par le choc des corpuscules. La « cause de la gravitation » surtout fut, avant comme après Newton, pendant longtemps, l’objet favori de la physique théorique. Sur ce terrain général de la spéculation physique se présentait naturellement de prime abord l’idée de l’identité essentielle des deux forces ; il n’y avait d’ailleurs en réalité, pour les hypothèses de l’atomistique de ce temps-là, qu’une seule force fondamentale dans tous les phénomènes de la nature. Mais cette force agissait sous des formes et dans des circonstances diverses, et, dès lors, on ne se contentait plus des faibles possibilités de la physique épicurienne. On exigeait la construction, la preuve, la formule mathématique. C’est dans l’observation logique de cette condition que consiste la supériorité de Galilée sur Descartes, de Newton et Huyghens sur Hobbes et Boyle, qui se complaisaient à expliquer avec prolixité comment la chose pourrait être. Or il arriva, grâce aux efforts de Newton, que, pour la troisième fois, la construction mathématique devança l’explication physique, et cette dernière fois, cette circonstance devait acquérir une valeur que Newton lui-même ne pressentait pas.

Ainsi, cette grande généralisation que l’on célèbre en racontant l’anecdote de la chute d’une pomme (57), n’était nullement le point principal dans la découverte de Newton. Sans compter l’influence de la théorie, que nous avons fait ressortir plus haut, nous possédons assez d’indices pour croire que l’idée d’une extension de la gravitation aux espaces de l’univers n’était pas éloignée des esprits. Déjà même, dans l’antiquité, on avait conjecturé que la lune tomberait sur la terre, si elle n’était retenue dans l’espace par son mouvement de révolution (58). Newton connaissait la combinaison des forces (59), et dès lors il n’avait qu’un pas à faire pour arriver à cette hypothèse : la lune tombe réellement dans la direction de la terre. De cette chute et d’un mouvement recti-