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grité et l’indépendance de leurs principes, une revendication plus jalouse enfin de leurs droits. Ce n’était pas moins contre la timidité ou l’inconséquence de ses propres partisans que contre les prétentions ou l’hostilité de ses adversaires, que Lange défendait la science tour à tour. Le mécanisme était enfin professé dans toute la rigueur de ses lois et proclamé la règle unique, la mesure inflexible de toute certitude scientifique, présenté comme le mode fondamental d’explication, auquel tous les autres empruntent leur vérité et dont ils ne peuvent s’écarter que provisoirement.

Si Lange avait assez fait ainsi pour la cause de la science, il n’avait encore rien fait pour celle de la philosophie. Son œuvre n’était jusque-là qu’un commentaire, approprié aux problèmes contemporains, des principes et des méthodes de la philosophie positive, ou de la philosophie exclusivement scientifique.

Lange comprenait que la tâche du philosophe est autre que celle du savant. Ce dernier cherche une explication des faits qui nous permette de les gouverner plus encore que de les comprendre. Mais l’esprit ne se contente pas de savoir que le mécanisme ou l’application du principe des causes efficientes nous aide, comme disait excellemment Leibniz, « à nous procurer des phénomènes ». Nous voulons davantage.

Ce qui caractérise, à proprement parler, le philosophe et le distingue du savant, c’est le besoin de s’interroger sur l’autorité des principes, sur la valeur logique de la certitude scientifique ; c’est aussi le désir de pousser aussi loin que possible notre connaissance du vrai, en suppléant aux