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du monde, le temps s’écoulait aussi uniformément qu’aujourd’hui. Par le principe matériel ou la matière première, il faut entendre la matière qui ne peut pas se dissoudre davantage. Ainsi l’homme se compose d’une tête, d’une poitrine, d’un ventre, etc. ; ces parties sont formées de chyle et de sang ; ceux-ci, à leur tour, proviennent de la nourriture ; la nourriture de ce qu’on appelle les éléments ; les éléments, des atomes qui sont le principe matériel ou la matière première. La matière en soi n’a donc pas encore de forme. Il est vrai que, sans masse matérielle, il n’y a pas de forme ; la matière est le substratum permanent, tandis que les formes changent et passent. Aussi la matière est-elle en soi indestructible, ingénérable et aucun corps ne peut provenir de rien, ce qui toutefois n’équivaut pas à nier la création de la matière par Dieu. Les atomes sont tous identiques quant à la substance ; différents, quant à la forme.

Les autres détails sur les atomes, le vide, l’indivisibilité infinie, le mouvement des atomes, etc., sont calqués sur Épicure. Il est à remarquer seulement que Gassendi identifie la pesanteur ou le poids des atomes avec leur faculté naturelle interne de se mouvoir. Au reste l’impulsion première de ce mouvement a été donnée aux atomes par Dieu.

Dieu, qui fit produire à la terre et à l’eau des plantes et des animaux, créa un nombre déterminé d’atomes, qui devaient être les semences de toutes choses. C’est alors seulement que commença la série de productions et de destructions, qui dure encore aujourd’hui et durera ultérieurement.

« La cause première de tout est Dieu », mais la dissertation ne s’occupe ensuite que des causes secondaires, qui donnent immédiatement naissance à toutes les modifications. Le principe en doit être nécessairement corporel. Sans doute, dans les produits artificiels, le principe moteur diffère de la matière ; mais, dans la nature, l’agent opère intérieurement et n’est que la partie la plus active et la plus mobile de la matière. Quant aux corps visibles, toujours l’un est mû par