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tous les avantages que présente l’atomisme à quiconque veut exposer d’une façon plausible les phénomènes de la nature. En outre Descartes expliquait formellement le mouvement des molécules comme celui des corps par la simple transmission selon les lois du choc mécanique. Il appelait Dieu, il est vrai, la cause générale de tout mouvement ; mais, en particulier, il croyait que tous les corps sont doués de mouvements déterminés et que chaque phénomène de la nature tant organique qu’inorganique ne résulte que de la transmission du mouvement d’un corps à d’autres. C’était éliminer d’un coup toutes les explications mystiques de la nature, et cela en vertu du principe adopté par les atomistes.

En ce qui concerne l’âme humaine, sujet de toutes les polémiques du XVIIIe siècle, Bacon, à vrai dire, était matérialiste. Il n’admettait l’anima rationalis que par des motifs religieux, car il la tenait pour incompréhensible. Quant à l’anima sensitiva, qu’il croyait seule pouvoir être expliquée scientifiquement, Bacon la regardait, de même que les anciens, comme une matière subtile. En général il ne comprenait pas du tout qu’on pût se figurer une substance immatérielle, et il ne pensait point, avec Aristote, que l’âme fût la forme du corps.

Bien que, précisément sur ce point, Descartes parût se trouver dans la plus vive opposition avec le matérialisme, c’est néanmoins dans la question de l’âme que les matérialistes firent à ses doctrines les emprunts les plus importants.

Dans sa théorie des corpuscules, Descartes n’établissait pas de différence essentielle entre la nature organique et la nature inorganique. Pour lui, les plantes étaient des machines ; quant aux animaux, il les regardait aussi, du moins sous forme d’hypothèse, comme étant, en réalité, de simples machines.

Or les contemporains de Descartes se préoccupaient beaucoup de la psychologie des bêtes. En France, notamment, un des écrivains qu’on lisait et appréciait entre tous, le spiri-