Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

taines idées fondamentales. La théorie de l’immortalité et la théologie ne sont donc unies à l’ensemble du système que par de faibles attaches et le contredisent en quelques points (34).

La philosophie d’Aristote nous permet aussi d’entendre maintes hypothèses de l’ancienne métaphysique, que les matérialistes se plaisent à rejeter comme absurdes. Ainsi, l’on prétendait que l’âme est répandue dans tout le corps, et qu’elle est tout entière dans chaque partie du corps. Saint Thomas d’Aquin enseignait formellement que l’âme est présente dans chaque partie du corps, en puissance comme en acte, avec son unité et son individualité. Cette opinion paraissait à plus d’un matérialiste le comble de l’absurdité. Mais, dans le système d’Aristote, cette opinion vaut tout autant que l’assertion suivante : la loi génératrice du cercle, exprimée par la formule une et indivisible se vérifie en un point quelconque d’un cercle donné de rayon dont le centre tombe à l’origine des coordonnées.

Si l’on compare le principe de la forme du corps humain à l’équation du cercle, on saisira peut-être l’idée principale du Stagirite avec plus de pureté et de netteté qu’il ne pouvait la rendre lui-même. Entièrement distincte est la question du siège des fonctions conscientes de la sensibilité et de la volonté. Aristote le place dans le cœur ; les scolastiques, instruits par Galien, dans le cerveau. Mais Aristote laisse logiquement à ces fonctions leur nature physique et, sur ce point important, il est parfaitement d’accord avec les matérialistes (voir la note 31). Ici, sans doute, les scolastiques ne purent pas le suivre et l’on ne saurait nier que plus tard la métaphysique introduisit souvent dans ces formules simples et intelligibles en elles-mêmes une confusion mystique, plus rapprochée de l’absurdité complète que d’une conception lucide.

Mais, pour remonter jusqu’au principe de l’opposition, qui