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Le poëte explique longuement avec quelle facilité l’homme, à la vue des redoutables phénomènes dont le ciel est le théâtre, au lieu de considérer les choses avec calme, ce qui constitue la seule vraie piété, en vint à l’idée d’apaiser la prétendue colère des dieux par des vœux et des sacrifices impuissants.

Le dernier livre du poème concerne, si nous pouvons nous exprimer ainsi, la pathologie. Ici sont discutées les causes des phénomènes météoriques ; le poëte explique les éclairs, le tonnerre, la grêle, les nuages, les débordements du Nil et les éruptions de l’Etna. Mais, de même que, dans le livre précédent, l’histoire primitive de l’humanité ne forme qu’une portion de la cosmogonie, de même la description des maladies de l’homme est mêlée à celle des phénomènes remarquables de l’univers et l’ouvrage entier finit par une description, justement célèbre, de la peste. Ce n’est peut-être pas sans intention que le poëte termine son œuvre par un tableau émouvant de la puissance de la mort, après l’avoir commencé par une invocation à la déesse qui fait jaillir partout la vie.

Du contenu spécial du sixième livre, nous ne citerons que la description des lieux avernes et des phénomènes de la pierre d’aimant. Les lieux avernes devaient provoquer d’une manière toute spéciale chez notre poëte le goût des explications ; l’aimant offrait à sa conception de la nature une difficulté particulière qu’il cherche soigneusement à aplanir au moyen d’une hypothèse compliquée.

Les anciens appelaient avernes des lieux comme il s’en trouve fréquemment en Italie, en Grèce et dans l’Asie occidentale, c’est-à-dire dans les contrées alors les plus civilisées, où le sol produit des exhalaisons qui causent aux hommes et aux animaux des étourdissements ou même la mort.

    vous vous êtes préparés à vous mêmes, que de blessures pour nous ! Que de larmes vous ferez verser à nos descendants ! »