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sa philosophie. Un système philosophique n’est pas un meuble, une chose sans vie, que l’on rejette ou que l’on prend à sa fantaisie ; mais il est comme animé par l’âme de l’homme qui l’a adopté. Un caractère que la nature a fait mou, qu’une éducation servile, que la contagion du luxe et la vanité ont amolli ou déformé, ne s’élèvera jamais à l’idéalisme. »

L’éducation non moins que la nature avait préparé Lange à son œuvre. Il savait assez les sciences pour apprécier la nécessité de leur méthode et contrôler la valeur de leurs résultats. Il était assez bon logicien pour y faire la part de l’hypothèse et de la certitude, pour en mesurer la portée et en marquer les limites. L’histoire lui avait trop bien montré la lente et laborieuse évolution, les tâtonnements incessants de l’esprit scientifique et de l’esprit philosophique, pour qu’il se fit illusion sur le dogmatisme tranchant et les prétentions à l’infaillibilité des théoriciens. D’un autre côté, le culte de l’idéal, le besoin de l’unité, de l’harmonie dominaient trop impérieusement toute son âme, pour qu’il se contentât, comme les savants de métier, des seuls enseignements de l’expérience, et n’étendît pas son regard et sa curiosité au delà de la prise des instruments ou de la portée des calculs.

L’histoire qu’il écrivit dans ces dispositions ne ressemble à aucune autre. Elle ne se recommande ni par l’abondance, ni par la nouveauté des informations. Lange n’hésite pas à reconnaître, d’ailleurs, tout ce qu’il doit au savant travail de Zeller sur la philosophie grecque, à l’histoire si complète de la logique de Prantl, sans parler des nombreuses monographies qu’il a mises à contribution et qu’il cite avec reconnaissance. Ni sur Démocrite ni sur Épicure, ni sur Lucrèce, ni sur les matérialistes du moyen âge,