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tendre qu’il y a une certaine proportion qui est plus avantageuse que les autres, sans s’imposer d’une manière absolue.

2o La notion des biens substituables s’oppose, d’une certaine façon, à celle des biens complémentaires. On appelle biens substituables, en effet, ces biens qui peuvent être remplacés par d’autres.

Un bien peut se substituer à un autre d’une manière plus ou moins complète.

Il y a des biens que l’on peut mettre à la place les uns des autres avec une parfaite indifférence : ce sont les biens fongibles. Il nous est tout à fait égal d’avoir une pièce de vingt francs plutôt qu’une autre, sauf dans le cas exceptionnel où quelqu’une de ces pièces, en raison de telle ou telle particularité, aurait une valeur plus grande. Parmi les blés ou les cafés on distingue des variétés ; et dans chaque variété il peut y avoir plusieurs qualités : dans la classification des blés ou des cafés, cependant, on s’arrêtera à un certain point ; et quand un acheteur aura déterminé la variété qu’il désire, et indiqué la qualité, il n’ira pas plus loin.

D’autres fois, les biens substituables ne se remplaceront pas exactement les uns les autres. Des quantités égales de deux biens peuvent nous procurer des satisfactions identiques comme nature, mais inégales ; dans ce cas, il est vrai, on pourra dire qu’à une certaine quantité du premier bien une certaine autre quantité du deuxième bien correspond parfaitement. Mais parfois aussi on verra des biens nous procurer des satisfactions seulement analogues, des satisfactions qui, pour être parentes, seront cependant qualitativement différentes : on dira alors que ces biens sont des succédanés les uns des autres.

La notion des biens substituables n’a pas moins d’extension que celle des biens complémentaires. Il n’est pas de bien qui n’ait des succédanés. Un légume peut être remplacé dans une certaine mesure par un autre légume ; il peut être remplacé, d’une manière à la vérité moins parfaite encore, par du pain ou de la viande ; on sait même que jusqu’à un certain point on peut remplacer un repas par un somme. Et cela se comprendra sans peine : la loi de substitution des biens, comme on l’appelle, correspond au fait déjà connu de nous que nos besoins peuvent être l’objet d’une classification, dans laquelle les besoins particuliers ou spécifiques apparaissent comme de simples diversifications de besoins généraux, ou plus généraux.