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exactement comme si l’on avait doublé la quantité de monnaie en circulation.

Mais quels sont les échangea où la monnaie intervient, et quels sont ceux où elle n’intervient pas ? en d’autres termes, quelle extension con vient-il de donner ici au concept de la monnaie ? Cette question, que nous aurions pu poser aussi bien quand nous parlions de l’influence que la quantité de la monnaie a sur la valeur de celle-ci, le moment est venu de la résoudre. Et nous la résoudrons en disant qu’on peut, à volonté, soit restreindre le concept de monnaie à ces moyens de paiement qui sont faits pour circuler indéfiniment — comme les espèces d’or ou d’argent, les billets de banque —, soit l’étendre à tous ces moyens de paiement qui ne servent pas seulement à effectuer un paiement, mais qui circulent — que ce soit d’ailleurs pendant plus ou pendant moins de temps —. Prenons comme exemple les effets de commerce : on peut ne pas les regarder comme une monnaie — et alors il y aura moins de monnaie sans doute, mais en même temps moins d’échanges monétaires — ; et on peut les regarder comme une monnaie — et alors il y aura plus de monnaie, mais aussi plus d’échanges monétaires —.

316. La rapidité de la circulation monétaire.[1] — Nous avons vu que la masse des échanges constituait un des facteurs qui déterminent la valeur de la monnaie. Cette masse des échanges ne saurait être mesurée que par rapport à une certaine période de la durée. Mais alors il ne suffira pas, pour connaître la valeur que la monnaie doit prendre, de savoir quelle est la quantité de monnaie qui servira à effectuer ces échanges : il faudra tenir compte, en outre, du nombre de fois que chaque unité de monnaie, au cours de la période choisie, aura joué son rôle de moyen de paiement.

Supposons, par exemple, que la quantité de la monnaie et le volume des transactions restant les mêmes, la vitesse de la circulation monétaire vienne à doubler. Point n’est besoin que nous cherchions à nous représenter dès à présent comment cela pourrait avoir lieu. Mais cette hypothèse étant admise, il s’ensuit nécessairement que chaque année, ou chaque mois, ou chaque semaine, il sera donné, en échange des mêmes marchandises, deux fois plus de monnaie, et que la valeur de la monnaie, par conséquent, diminuera de moitié. La variation de la rapidité de la circulation monétaire équivaut à une variation du stock monétaire du même sens ; et elle a les mêmes effets.

Comment peut-on mesurer la rapidité de la circulation monétaire ? Il faut voir, pour cela, combien de fois en moyenne l’unité de monnaie

  1. Voir Landry, La rapidité de la circulation monétaire, Revue d’économie politique, février 1905. Voir encore Cantillon, Essai, 2e partie, chap. 3 et 4.