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313. Les trois facteurs principaux : de la valeur de la monnaie. — Pour simplifier les choses, nous supposerons, tout d’abord, qu’il n’y ait qu’une monnaie ; nous supposerons que les frais de production de cette monnaie soient nuls ; nous supposerons, enfin, que cette monnaie n’ait d’autre utilité que celle qu’elle tire de son rôle d’intermédiaire des échanges. Dans ces conditions ; la valeur de la monnaie dépendra des trois facteurs suivants : la quantité de la monnaie en circulation, le volume des transactions où la monnaie intervient et la rapidité de la circulation monétaire. Nous allons étudier ces trois facteurs successivement, en nous rappelant que la question examinée ici est, non pas de savoir quelle valeur la monnaie prendrait dans une société où on l’introduirait tout d’un coup — l’idée de l’introduction soudaine de la monnaie dans une société où elle n’aurait pas existé antérieurement est une idée absurde —, mais de savoir ce qui fait varier la valeur de la monnaie, et comment ces variations se déterminent.

314. La quantité de la monnaie. — Les partisans de la théorie quantitative ont dit souvent que la monnaie devait acheter, normalement du moins, les marchandises qui sont offertes, que par suite, si la quantité de la monnaie existante venait à doubler, ou à diminuer de moitié, nécessairement la même somme de monnaie devait acheter deux fois moins, ou deux fois plus de marchandises. Ce raisonnement, si on le prend à la lettre, est inacceptable : car on ne voit pas que sur le marché le stock monétaire soit échangé contre le stock des marchandises. Et si on ne le prend pas à la lettre, il a le tort grave de ne pas nous offrir une représentation de ce mécanisme suivant lequel se produirait cette baisse ou cette hausse de la valeur de la monnaie qu’on déclare nécessaire ; par conséquent, il n’est pas démonstratif. Il faut analyser les faits et en développer tout l’enchaînement.

Supposons donc — c’est là l’hypothèse la plus intéressante, parce que c’est celle qui est réalisée sous nos yeux — que, la société étant pourvue d’une certaine quantité de monnaie, le stock monétaire vienne à s’accroître, par exemple par l’effet de l’exploitation de mines d’or. L’or extrait des mines sera monnayé ; et les producteurs d’or se trouveront enrichis. Étant plus riches, ils consommeront davantage, ils achèteront une plus grande quantité de soieries, de vins, etc. La courbe de la demande, pour ces marchandises, sera donc modifiée ; par suite, elles se vendront plus cher. On a ainsi, comme première conséquence de l’augmentation du stock monétaire, une hausse des prix pour un certain nombre de marchandises. Cette hausse se manifestera principalement dans le pays des producteurs d’or ; mais on prendra garde que ces producteurs d’or ne sont pas seulement les mineurs : quand on exploite des mines en Australie ou au Transvaal, une partie de l’or extrait reste dans ces pays, sous la forme notamment de sa-