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théorie analogue se trouve chez d’autres auteurs, comme Marx, Hertzka, Hobson : ceux-ci toutefois croient qu’il n’y a surproduction que parce que la capacité de consommation de la clause ouvrière est trop faible, et ils disent qu’il suffirait d’élever la condition économique des ouvriers pour que devint possible l’écoulement des marchandises produites — ou de telles autres qu’on produirait en place de celles-là — .

L’argumentation des économistes classiques est peut-être un peu trop sommaire pour être parfaitement et immédiatement convaincante. Elle est juste néanmoins ; au lieu que les argumentations adverses ne résistent pas à un examen sérieux. L’affirmation de Sismondi, que le revenu social limite la consommation, implique l’idée que les prix ne peuvent point baisser, et la fausseté de cette idée est suffisamment apparente : que toutes les productions se développent simultanément, et l’on verra les prix des cendre, en sorte que le même « revenu » pourra acheter une quantité plus grande de marchandises. Quant à la conception que l’on trouve, par exemple, chez Hertzka, elle implique cette idée — qui elle aussi est fausse — que la classe ouvrière ne pouvant acheter, en raison du taux trop bas du salaire, qu’une partie relativement petite de la production, les possédants ne sauront que faire du surplus ; elle se résout même, d’une certaine façon, en une contradiction, les salaires n’étant si bas — comme nous essaierons de le montrer plus tard — que parce que les possédants, dont les goûts commandent la production, préfèrent dans une grande me sure aux produits qui exigent surtout de la main-d’œuvre d’autres pro duits, parce qu’ils ont, par conséquent, la possibilité d’utiliser pour leur consommation toutes ces forces productives qui ne seront pas employées à satisfaire les besoins de l’autre classe.

306. De la classification des crises. — Les crises sont très diverses au point de vue de leur durée, de l’étendue des cercles qu’elles affectent, de la gravité de leurs conséquences, comme aussi des causes qui les amènent et des phénomènes qui les constituent. On a plus d’une fois cherché à les classer. On parle ainsi de crises commerciales et de crises de Bourse — les Bourses dont il s’agit ici sont les Bourses de valeurs — ; de crises de production, de crises de « fondation » et de crises de spéculation ; de crises monétaires, etc. Mais la classification des crises est malaisée à établir. D’une part, on éprouve de l’embarras à en choisir le principe. Et d’autre part, si l’on considère les causes des crises ou leurs manifestations — comme il semble qu’il y ait lieu de faire de préférence — , on aura des classifications qui n’offriront guère qu’un intérêt théorique : dans la réalité, les crises — encore que telles causes puissent avoir contribué d’une manière particulière à les faire naître, et qu’elles puissent se manifester d’une manière particulièrement frappante par tels ou tels phénomènes — apparaissent presque toujours comme extrêmement complexes.