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ou quand elles se fédèrent, s’adressent aux « producteurs » directement, pour leurs achats, sans passer par l’intermédiaire du marchand en gros.

Quand un grand producteur, quand de petits producteurs associés écoulent directement leur marchandise chez les détaillants, ou l’envoient directement à ces marchés où les détaillants se fournissent, quand des associations d’agriculteurs ou des coopératives de consommation achètent directement aux producteurs », le commerce de gros se trouve complètement supprimé. Il est sinon supprimé, du moins grandement transformé quand les producteurs se servent, pour traiter avec les détaillants, pour vendre sur les marchés, d’agents, de courtiers ou de commissionnaires. On sait ce qui distingue entre elles ces différentes catégories d’intermédiaires : l’agent s’occupe d’une manière suivie des affaires d’une même maison, dans une localité plus ou moins éloignée de celle où cette maison a son siège ; le courtier met en rapports, d’une manière seulement occasionnelle, des vendeurs et des acheteurs qui ordinairement sont dans le même lieu ; le commissionnaire a ceci de particulier qu’il peut, agissant pour un commettant, traiter cependant en son nom personnel[1]. Mais ces diverses catégories forment néanmoins une seule classe. Agents, courtiers et commissionnaires s’opposent également aux commis-voyageurs et aux placiers, lesquels sont à l’ordinaire de simples employés des producteurs, et font partie du personnel de ceux-ci. Et ils s’opposent, d’autre part, aux commerçants proprement dits, en ce qu’ils reçoivent seulement une rétribution — calculée d’une manière ou de l’autre — pour leur peine, au lieu que les commerçants, achetant pour revendre, réalisent des bénéfices variables — comme aussi ils peuvent subir des pertes — à raison de la différence des prix auxquels ils achètent et des prix auxquels ils vendent.

Les chiffres suivants donneront une idée de la multiplication de ces intermédiaires qui nous occupent : il y en avait en Prusse, en 1837, 275, en 1861, 270 ; il y en avait en 1895 20.000 environ dans les anciennes provinces prussiennes, et 46.734 dans toute l’Allemagne[2].

2° Si le commerce de gros est menacé, le commerce de détail ne l’est pas moins. Cette sorte de commerce est prodigieusement encombrée. Il y avait à Paris, il y a 35 ans, une boulangerie par 1.800 habitants ; il y en avait dernièrement une par 1.300 habitants, cependant qu’à Lyon on en comptait une par 500 habitants, à Saint-Étienne une par 380. En Prusse, le nombre des boutiques était de 33 pour 10.000 habitants en 1837 ; ce nombre s’élevait à 44 en 18lil et il atteignait en 1895, pour les anciennes provinces prussiennes, 97. A Berlin notamment, en 1890. il y avait un commerçant pour 18 habitants, c’est-à-dire pour 4 ou 5 adultes[3]. Ce

  1. Voir Ehrenberg, Agenturwesen, dans le Handwörterbuch, t. I.
  2. D’après Schmoller.
  3. Ces chiffres, d’après Gide (Principes, liv. II, chap. 1, vi), et Schmoller.