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taires des bêtes et à pouvoir déterminer avec quelque exactitude l’effet utile des nourritures diverses, et inégalement coûteuses, qu’on peut leur donner.

Pour ce qui est, maintenant, des plantes, on se sert aussi de plus en plus de la sélection pour les améliorer ; et voici même que la découverte de ces mutations qui s’opèrent chez elles fait espérer qu’on obtiendra non plus des variétés, mais des espèces entièrement nouvelles, très supérieures à celles que l’on cultive aujourd’hui.

En deuxième lieu, on sait assez bien, à cette heure, quels sont les éléments minéraux qui sont nécessaires à la nutrition des plantes. C’est Liebig qui eut la gloire, en 1840, de fonder la chimie agricole[1] ; les principes qu’il a posés, les découvertes que l’on a laites après lui permettent aujourd’hui de déterminer les engrais qu’il convient d’employer, selon la nature des terrains, selon les plantes que l’on cultive, selon les conditions économiques de l’exploitation qui rendent avantageuse une culture plus ou moins intensive.

En outre, des découvertes récentes ont révélé le rôle de ces bactéries qui rendent assimilables pour les plantes certaines des substances contenues dans le sol. Elles ont donné ainsi l’explication de l’utilité de ces travaux de labour, de drainage, d’irrigation, etc. que l’on exécutait empiriquement depuis tant de siècles ; et l’on peut aujourd’hui exécuter ces travaux dans des conditions meilleures, ou les remplacer par d’autres, plus efficaces ou moins coûteux.

Enfin le machinisme s’est introduit dans l’agriculture, et si pour des raisons multiples, dont nous avons parlé, il n’y peut point prendre l’importance qu’il a dans d’autres branches de la production, ce fait n’en demeure pas moins un fait des plus considérables. Pour donner une idée de la multiplication des machines agricoles, il suffira d’indiquer qu’en Allemagne, entre 1882 et 1895, le nombre des charrues à vapeur a passé de 836 à 1.696, celui des semoirs mécaniques de 63.842 à 188.114, celui des mois sonneuses de 19.634 à 35. 084, celui des batteuses à vapeur de 75.690 à 259.364, et celui des autres batteuses de 298.367 à 596.869[2].

Ces divers faits que nous venons de mentionner sont bien loin encore d’avoir développé toutes leurs conséquences. Tout d’abord certaines de ces découvertes portent, peut-on dire, sur des principes ; loin de se présenter comme complètes du premier coup, elles montrent plutôt à l’agronomie

  1. Dans son fameux ouvrage Die Chemie in ihrer Anwendung auf Agrikultur und Physiologie.
  2. Chiffres cités dans Bourguin, Systèmes socialistes, Annexe V, 2. En France, la puissance en chevaux des machines à vapeur employées dans l’agriculture était de 27.516 en 1878, de 30.515 en 1888 et de 149.063 en 1904 (Annuaire statistique, de 1905, pp.41-42).