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diquées ci-dessus interviendront seulement pour transformer cette estimation technique en une estimation économique.

Comme conséquence de ce qui précède, on verra assez souvent les terres consacrées à produire une denrée unique. Il y a des terres chez nous où l’on ne fait que de la vigne, d’autres où l’on ne fait que du pâturage, comme il y en a, dans d’autres pays, où l’on ne fait que du coton, de la canne à sucre ou du café.

Souvent aussi, cependant, il arrivera qu’un agriculteur sur une même terre entreprendra simultanément plusieurs cultures. Un maraîcher dans son jardin cultivera des légumes divers : ce sera, quand son débouché est restreint, pour ne pas s’exposer à écraser le marché, comme il arriverait peut-être s’il ne devait récolter qu’un seul légume ; ce sera encore, dans l’incertitude où il est toujours et de ce qu’il récoltera et des prix auxquels il vendra ses produits, afin de compenser, en les diversifiant, les risques qu’il lui faut courir.

De plus, la terre qui à un moment donné est cultivée d’une certaine façon pourra recevoir des cultures différentes à un autre moment. Les fluctuations des prix des denrées conduisent fréquemment l’agriculteur à abandonner une culture pour une autre. Ce n’est pas tout : l’alternance des cultures d’une année à l’autre, la rotation des cultures s’impose bien souvent comme une nécessité technique, pour des raisons assez mal connues qui se rapportent aux conditions diverses de l’alimentation et de la croissance des plantes. Et cette alternance s’impose encore plus quand il s’agit de cultures qui n’exigent l’emploi de la terre que pendant une partie de l’année.

134. La spécialisation et l’intégration dans les autres sortes de productions. — Quittons l’agriculture, et occupons-nous des autres productions. La spécialisation y est avantageuse aux entrepreneurs — comme il arrive d’ailleurs partout — en ce qu’elle leur donne plus de facilité pour acquérir les connaissances qui leur permettront de bien conduire leur affaire. L’entrepreneur, par exemple, qui ne fabrique qu’un article pourra arriver à posséder parfaitement la technique de cette fabrication ; et il pourra arriver également à connaître très bien les débouchés qui existent pour son article, la situation du marché par rapport à celui-ci. De plus, un entrepreneur qui consacre tout le capital dont il dispose à la production d’une spécialité aura plus de chances de pouvoir donner à son entreprise ces dimensions qui correspondent à la productivité maxima que s’il veut conduire de front plusieurs productions. Et nous noterons à ce propos — sauf à y revenir bientôt — que dans l’industrie, de nos jours, cette grandeur des entreprises va croissant qui porte la productivité à son maximum.

De fait, aujourd’hui, la spécialisation des entreprises industrielles est