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l’idée d’aller relancer un batteur qui habitait à {{|unité|20|milles}} de là.

« Ah ! mes amis si vous aviez vu l’accueil que me fit ce satrape !… Pensez donc ! un minuscule fermier ayant seulement 20 acres en culture, oser se permettre d’aborder un batteur ! me répondit dédaigneusement qu’il n’allait pas se déranger pour si peu : cependant, si le hasard de sa tournée le conduisait dans mon voisinage, il verrait à m’accorder la faveur demandée.

« Bien forcé d’ailleurs : la loi canadienne (qu’elle soit bénie !) imposant à tout batteur patenté de fournir son aide aux fermiers, gros ou petits, placés sur sa route, mon bourru ne me faisait pas là une grande grâce.

« Au reste, ce ne fut pas lui qui vint à Spring Lake cette année-là, mais un brave Canadien-anglais, lequel ayant connu personnellement la pauvreté, était secourable au petit monde — un nommé Johnson. — Il mit la plus grande obligeance à faire mon battage, sans regarder au mince profit ; et aussi beaucoup de patience — mon personnel étant un peu insuffisant. Il ne fut pas cependant en perte avec moi, vu que mon blé rendit beaucoup (400 minots) ainsi que l’avoine (300 minots) ce modeste battage dans sa moyenne le paya mieux que bien d’autres de cette année désastreuse.

« Sitôt le battage fini, ma femme courut de suite à l’emplacement de la machine pour ramasser les criplures. C’est le premier soin des petits fermiers de gratter ce supplément de récolte que leurs ménagères forcées d’économiser sur tout les malheureuses — réservent précieusement pour la volaille, laquelle sans cela risquerait fort de pâtir ; car vous comprenez qu’ils ne vont pas les laisser donner du bon blé à leurs poules, malgré qu’au fond cela activerait la ponte. « Les poules