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stériles des milliers de fermes jadis prospères, combien d’autres menaces pour nos pauvres champs malgré l’aide que la science peut apporter aux fermiers.

« Supposons que vous semiez très tôt afin d’être sûr de la maturation du blé, vous risquez de voir la semence compromise par une gelée adventice de printemps.

« Maintenant, si ledit printemps est très sec, les vers gris vont de suite s’attaquer aux semis : j’en ai vu détruire entièrement de grands champs d’avoine.

« Si au contraire il est humide, la semence, malgré toutes les préparations chimiques préventives, peut contracter partiellement le charbon, d’où une réduction à craindre dans la récolte.

« Mais mettons que tout ait bien marché pendant les premiers mois ; les alternatives de chaleur et de pluie ont été éminemment favorables ; quelques jours à la pluie et lesdites fleurs coulent : résultat, une perte des deux tiers de la plantureuse récolte en expectative.

« Ou bien, après que la floraison a eu normalement lieu, le soleil chauffe trop fort, donnant la brûlure aux épis qui se sèchent sans fructifier. Comme il peut aussi occasionner la rouille (rouge) en dardant ses rayons immédiatement après des pluies battantes, et cette rouille, sans être aussi nocive que la noire, laquelle pourrit des champs entiers aux États-Unis, affecte cependant le rendement d’une façon notable certaines années.

« Viennent alors les orages et leurs rafales qui, couchant le blé déjà lourd produisent cette désastreuse verse tant redoutée des moissonneurs.

« Et la grêle, le piétin, la mouche à soie, les mauvaises herbes etc… mais passons !

« Fin août, le fermier coupe enfin ce qui lui est resté après tant d’assauts : mais loin de ressentir quelque paix, c’est là surtout qu’il tremble