Page:Lamy, Féron - Dans la terre promise, paru dans Le Soleil, Québec, du 21 nov au 17 déc 1929.pdf/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Le début de l’hiver fut très rigoureux ; je n’en sortis pas moins tous les jours, car j’avais quantité de piquets et de perches à abattre pour finir enfin la clôture de ma terre, stimulé d’autre part par la joie anticipée que l’idée de voir un jour cette chose rare me donnait.

« J’avais jeté mon dévolu sur une terre vacante du gouvernement située au Sud de la mienne, laquelle n’était qu’une forêt de trembles bien droits ; il y avait là quantité de jeunes arbres de la juste grosseur pour des perches ; de plus, dans les marais avoisinants je pouvais couper un bon millier de piquets de saule.

« Il importait de régler mon travail afin de ne plus tomber comme auparavant dans le découragement et l’inertie. Au reste, je commençais à avoir de l’expérience, ayant vu faire les autres autour de moi, surtout les Anglo-canadiens ; (les Scandinaves — Norvégiens et Suédois — eux, sont moins pratiques et plus lents.) Voici donc la règle que votre serviteur (qui n’en avait jamais eu, ayant en aversion toute contrainte,) s’imposa et suivit fidèlement.

« Levé à 7 heures, je courais aux étables donner du foin aux chevaux et vaches et je revenais prendre mon déjeuner.

« À 8 heures, enlèvement des fumiers à la brouette, nettoyage de l’écurie.

« À 9 heures, je sortais toutes les bêtes dehors, je leur tirais à boire et les laissais libres. En hiver, les chevaux ne s’éloignent guère lorsqu’ils sont habitués à être nourris de nuit à l’étable : quant aux bêtes à cornes, loin d’aller courir dans la neige, elles restaient autour des bâtiments à se chauffer au soleil.

« Vers 9 heures et demie je partais enfin au bois, heureux de me remettre à bûcher.

« Oui, heureux, car voyant mon