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vèrent cassés en 12 jours. Il est vrai que le terrain s’y prêtait, étant assez propre et suffisamment humide.

« Le « cassage » fini, je lui offris un bœuf de 2 ans s’il voulait me faire un bon disquage du terrain ; c’était un assez gros prix, mais je tenais à remercier ce brave homme à ma façon ; il accepta bien volontiers.

« Après cela je n’eus plus qu’à donner un coup de herse pour niveler son travail et la terre fut prête pour les prochaines semailles.

« Le jardinage avait encore bien poussé ; certains choux pesaient jusqu’à 25 livres, et nous vîmes un pied de tomates donner un grand seau de ces fruits ; les plants d’asperges de leur côté promettaient une cueillette sûre pour le printemps suivant. Mais le soleil est si ardent en été dans cette contrée, qu’on y est un peu comme dans les pays chauds : n’y voit-on pas quelquefois des oiseaux-mouches comme sous les tropiques ?

« Et puis, d’autre part, quelle richesse dans le sol, vu la couche d’humus que les siècles y ont déposée : feuilles mortes, cendres de feux de prairie, bouses de bisons, végétaux en décomposition. On peut dire que depuis la création du monde, ou tout au moins depuis le déluge (s’il est vrai que ce cataclysme aurait coïncidé avec un déplacement des Pôles, changeant les climats et habitants) jamais la charrue n’est entrée là.

« Je repris mes voyages d’automne, accueilli à bras ouverts par une clientèle satisfaite de mon honnêteté dans les livraisons précédentes. Grâce aux oignons dont le prix était triple de celui des patates, chacune de mes charges me rapporta cette fois une trentaine de dollars.

« Je dois mentionner, en passant, un accident dont je fus témoin au retour de la première :

Je revenais allègrement au grand