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C’était bien agréable, lorsque je faisais ma tournée chaque matin, de trouver deux ou trois de ces jolies bêtes dans mes pièges, il est vrai que les lapins sauvages s’y prenaient aussi en quantité, ce qui m’encombrait, mais nous les utilisons à nourrir poules et chiens. Au retour, ma femme se mettait tout de suite à fureter dans mon carnier, se glorifiant devant chaque prise de valeur. Pour dire vrai, le succès de la chasse était un peu son œuvre, car tous les après-midi aux heures de soleil, elle courait la prairie et, avec un flair spécial, dénichait force endroits propices. Je m’installais alors à dépouiller mon butin, tendant avec soin les précieuses peaux sur des planchettes, pendant que le fricot mijotait sur le feu.

« On a beau dire que la vie au fond est grise et terne, mais je dois convenir qu’on y éprouve parfois de curieux agréments. Nous passâmes cet hiver-là dans la plus belle espérance, malgré une claustration relative ; notre imagination dorant l’avenir à plaisir.