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colorés. Dans les rues, on rencontrait à chaque instant sous le teint cuivré, aux yeux bridés ; je me rappelle notamment certain « gentleman » porteur d’un sombrero cowboy et d’un complet gris assez élégant, mais avec sur la joue droite une main peinte en rouge ; puis des squaws et enfin, au coin d’une rue, drapé dans une couverture bigarrée, une petite hachette à la main, un indien tatoué se donnant des airs farouches — probablement quelque « poseur », car il y en a même chez les sauvages !

« Le lendemain, à part les discussions inévitables pour la vente du blé, tout alla assez bien ; on fit ses emplettes, on chargea les wagons, et l’on se remit en route.

« Mme R… avait sur le devant de sa voiture une douzaine de sacs de farine au sommet desquels elle avait posé une planchette lui servant de siège : l’équilibre en était quelque peu instable, mais une gaillarde comme elle ne redoutait aucun risque, paraissait-il.

« Cependant, en ce temps-là, les routes effroyables, aucune pente n’ayant été encore beaucoup travaillée par les municipalités riveraines, il y avait danger à les descendre sans précaution ; c’est-à-dire sans tenir les chevaux bien en mains. Déjà, nous qui venions derrière avions-nous vu plusieurs fois notre amazone ballotter de droite et de gauche dans les descentes, mais la connaissant maîtresse-femme, nous n’y avions pas attaché d’importance.

« Il n’en fut pas de même dans la grande pente située à 5 milles du bac et dont la malheureuse, probablement, ne se méfia pas assez laissant ses chevaux prendre de suite le trot, lequel se transforma bien vite en galop sous l’impulsion de la charge ; alors, vu sa vitesse d’enfer, les cahots devinrent si violents qu’elle ne tarda pas à être projetée hors du wagon.

Avez-vous remarqué au cinéma dans les représentations de batail-